Le déclic d’avant, pour le monde d’après

Un collectif de scientifiques vient de publier Rencontres intimes avec l’Anthropocène : Récits personnels de scientifiques.

Résumé : Beaucoup de scientifiques considèrent que parler de leurs émotions dans le cadre de leur activité professionnelle pourrait les décrédibiliser : il faudrait uniquement parler de chiffres, rester impartial, esquiver le ressenti. Pourtant, face à certains scénarios du GIEC projetant des millions de morts climatiques et à l’effondrement en cours du vivant, comment garder cette posture ? Dans ce recueil, des scientifiques témoignent de leur prise de conscience face aux changements environnementaux d’origine anthropique ; il y a quelque chose qui échappe à la raison, une humanité qui a peur de se perdre en chemin et qui a pris conscience des limites du monde qu’elle habite.

Vous pouvez le lire gratuitement en version pdf ou le commander en version papier.

Pour commander la version papier, allez voir votre libraire préféré.e avec la référence du livre que vous trouverez ici. La version papier est vendue au prix coutant imprimeur incluant une marge de 30% pour les libraires, et sans bénéfice pour les auteurs, s’il est acheté via un libraire (6,77 €).

Vous pouvez aussi faire une commande directe via l’imprimeur. Dans ces cas, les bénéfices seront reversés à une association.

 

Auteur.es : Julie Humeau ; Céline Verchère ; André Estevez-Torres ; Audrey Sabbagh ; Christophe Coillot ; Olivier Aumont ; Guillaume Guimbretiere ; François Ziadé ; Jeanne Gherardi-Scao ; Marie-Alice Foujols ; Cyrille Rathgeber ; Julian Carrey ; Hennebelle Patrick ; Serge Janicot ; Olivier Gallot-Lavallée ; Delva Pacôme ; Gerbaud Vincent ; Soulard Thomas ; Nicolas Champollion.

Juin 2021

Ils s’appellent Sandrine, Nicolas, Coline, Jérémy, Fanny, Yvain, Henriette, Jonathan, Bernard, Alice, …..
Ils / Elles sont chercheurs.ses, journalistes, techniciens.nes, secrétaires ….

Ce sont des personnes ordinaires,
qui un jour, pendant le confinement fin 2020, début 2021 ont pris le temps de se poser pour répondre aux 3 questions suivantes

Un jour, vous avez eu un déclic, une prise de conscience sur les enjeux environnementaux.
• Est-ce que vous vous souvenez de ce qui a provoqué ce déclic ?
• Est-ce que vous savez dire comment et quelles conditions ont permis la transformation de ce déclic en action ?
• Si vous n’avez pas réussi à transformer ce déclic en action, est ce que vous avez identifié ce qui vous en empêche ?

Si vous aussi avez une expérience à partager, n’hésitez pas à me l’envoyer :
(Francoise.Berthoud -at- grenoble.cnrs.fr)



Pour moi le déclic c’est d’avoir vu la mer de Glace en Avril 2017 et notamment les pancartes indiquant le niveau du glacier en 1990, 2003 (très très loin du niveau de 2017). C’est comme si le changement climatique devenait physiquement perceptible, dans le nombre de pas qu’il fallait faire pour atteindre l’état actuel du glacier.
Pour ce qui est de la transformation du déclic en action: en plusieurs temps :

  1. la table rase dépressive où l’activité professionnelle n’a plus de sens,
  2. l’envie de contribuer dans la période d’urgence climatique et la difficulté d’envisager un autre avenir professionnel,
  3. la vacance d’un poste de référent développement durable à la fac des sciences pour mettre le pied à l’étrier (fin 2018),
  4. la rencontre avec un groupe de scientifiques travaillant sur les impacts du numérique !

Je ne suis pas certain de vivre ces choses-là en terme de déclic, mais plutôt en terme de tension qui s’accumule, et le déclic c’est juste le relâchement soudain de la pression par une micro-révolution interne. Et il me semble qu’à un moment donné, il y a plein de tensions en jeu, et qu’elles se relâchent dans une apparence de désordre. Une sorte de tectonique des tensions.

Par exemple, les hasards de la vie ont progressivement éloigné mon lieu d’habitation de mon lieu de travail (qui lui n’a presque pas bougé). Et dans le même temps, les mêmes hasards de la vie ont fait passer mon périmètre familial de 1, à 2, puis 3, …, jusqu’à 5, puis … jusqu’à 1. Et au fur et à mesure, j’observais que plus ça allait, et plus j’avais besoin de voitures (de 0, jusqu’à 2, et puis 3 quand l’ainée s’y est mise), dans des conditions de circulation qui s’aggravaient elles aussi progressivement. C’est-à-dire essentiellement que beaucoup de gens vivent une évolution similaire. Certains ne ressentent rien, mais moi ça me pesait de plus en plus, et je me sentais couillon dans ma voiture, sans vraiment envisager d’alternative ; la tension montait. Et un jour, une amie avec qui je joue du violon annonce qu’elle renouvelle son vélo électrique, et qu’elle vent l’ancien ; j’ai vu l’alternative, je lui ai acheté son vélo, et je n’utilise presque plus ma voiture.

Et en faisant ça, je résous une très vieille tension, car depuis très longtemps, mon enfance en fait, je trouve que l’idéal est la vie sans voiture. Par exemple, j’ai toujours mesuré la qualité des vacances ou des loisirs par l’inverse du besoin de prendre une voiture. Depuis très longtemps, je rêve en lisant des récits où des gens très ordinaires font des choses ordinaires à pied, ce qui aujourd’hui est complètement extraordinaire. Et là, je ne parle pas de randonnée, de trek ou de raid. Je parle juste d’aller à pied. Il m’est arrivé de répondre à des invitations, un peu lointaines, entre 50 et 200 km, en décidant d’y aller à pied ; et c’est infiniment libérateur ! On pense évidemment à Rousseau, mais il n’y a vraiment pas que Rousseau, et surtout il y a beaucoup plus récent que Rousseau, et aussi bien plus ordinaire. Dans leur enfance, mes grands-parents allaient à pied. Bon, au jour le jour et pour l’utilitaire, le vélo est plus rapide que les pieds, et très comparable à la voiture, et c’est assez libérateur aussi.

Une autre tension que je ressens, mais qui elle n’est pas encore résolue, est que nos parents étaient infiniment plus sobres que nous, tout en donnant l’impression de ne manquer de rien. Quand des gens raillent des discours de sobriété en parlant de bougies ou de Hamishs, ça me fait hurler. Alors que mêmes les années 80 constitueraient une forme de sobriété par rapport à maintenant. On sort de la période des fêtes, et je trouve affolant comment la façon de les passer a été normalisée vers un stéréotype unique du luxe et de la consommation. C’est une tension que je résous facilement pour mon propre compte, mais parfois le fait social est vraiment trop contraignant. Par exemple, une mesure du succès d’un peu n’importe quoi est devenu le nombre de participants, mais presque invariablement, plus de participants signifie plus de voitures et des conditions d’accès compliquées. Et là, je ne peux pas faire ma révolution personnelle, si ce n’est aller voir ailleurs.


Je suis sensible à ces questions depuis longtemps et j’avais déjà commencé à réorienter mes activités professionnelles, mais c’est vraiment à la lecture du livre « Plan B » de Lester Brown que j’ai pris conscience de la gravité de la situation. Alors, j’ai échangé avec des collègues, renforcé mes actions de sensibilisation, de formation ; J’ai réorienté encore plus franchement mon travail. Ce n’est pas toujours facile face à l’inertie des systèmes et aux intérêts particuliers autour de l’argent et du pouvoir. Je vis des grandes périodes de tristesse et des élans pour avancer. Pour moi les collectifs sont une condition nécessaire pour agir ..


Des années de travail de sensibilisation de mon petit frère, sur l’autonomie alimentaire, et les enjeux écologiques dans une moindre mesure nous ont préparé ma femme et moi à une évolution. Nous avons commencé à nous réapproprier les aliments que l’on mange en cuisinant davantage, batch cooking, réduction de viande, des bons légumes et fruits de saison. C’est bon pour nous, ça éduque et renforce la santé de nos deux enfants au passage !
Par ailleurs, j’ai lâché la voiture pour le vélo en vélotaff petit à petit depuis 3 ans (suite au vol de mon vélo aux fêtes de Bayonne, j’en ai racheté un plus léger qui me permettait de faire les 22km me séparant du boulot). Maintenant, depuis mon arrivée sur Toulouse en septembre dernier, je n’ai utilisé la voiture que 2 fois, les 20 bornes permettant de lier l’utile à l’agréable, ça entretient, même sous la neige !
Si on est sur Toulouse d’ailleurs c’est suite aux travail de sensibilisation mentionné ci-dessus. Ça nous a préparé mentalement, et le déclic pour quitter la région parisienne c’est, je l’avoue, le visionnage en août 2019 d’une vidéo catastrophiste sur un avenir de nos sociétés dopées aux énergies fossiles : https://www.youtube.com/watch?v=K01MnnOV-u4&list=LL&index=4
Cette vidéo a été précurseure de plusieurs lectures et écoutes de podcast sur la collapsologie, puis collapsosophie (on en est là).
Sur le moment, ça m’a vraiment perturbé, j’ai eu un gros coup de blues pendant quelques jours, 10+ années en région parisienne loin de ma famille et celle de ma femme (Pays Basque, Millau) alors qu’on s’était dit qu’on ne resterait pas plus de 5 ans, ça nous est revenu en pleine face : besoin de retour au vert, de profiter de la vie plutôt que rester enfermés dans notre routine, préférer explorer les environs, faire du lien avec les producteurs, associations, et commerçants locaux. Les gens du cru, juste autour de chez nous !
Maintenant on est à moins de 3h de mon frère et du reste de notre famille, on peut se retrouver le vendredi soir et passer un week-end ensemble sans soucis.
On est très attentif à notre consommation alimentaire, on est rentré dans une démarche de réduction des déchets domestiques, avec un trio de poules, un début de production potagère à développer, un rapport à la nature plus prégnant : les balades autour de chez nous permettent de respirer et les enfants se sentent plus libres (sic) !
Cependant, il nous reste beaucoup à faire, en location actuellement, nous cherchons un logement économe et envisageons de faire construire une maison passive pour réduire notre dépendance énergétique.
Nous sommes entrés dans une démarche réflexive sur notre vie et notre impact environnemental et sociétal. C’est notre parcours, on en est là, et on avance !


J’allais dire non, pas de déclic, une prise de conscience graduelle, abstraite et cumulative…
Et puis si, retourner sur la mer de Glace après 30 ans, ça m’a fait un choc, 30 ou 50m plus bas. Au glacier d’Argentiere, la même deux ans plus tôt, mais c’est encore un décor blanc et très beau. La mer de Glace, c’est tellement plus un sale tas de cailloux, maintenant. Du coup oui, le fait de me dire que c’est ça qu’on (que je) lègue à mes enfants, que le réchauffement est un cheval au galop sous mes yeux, palpable a l’échelle d’une vie humaine.
Après, est ce que j’agis ? Est-ce que je me donne bonne conscience seulement, avec qui est ce que j’arrive à en parler ?


  • Premier choc sur la crise énergétique en 2007 avec le livre « Le plein s’il vous plaît » de JM. Jancovici et A.Grandjean sur le pic pétrolier,
  • Deuxième choc en 2013 avec le livre sur “Les villes en transition » de Rob Hopkins
  • Troisième choc en 2015 avec le livre “Effondrement” de Jared Diamond
  • Quatrième choc en 2017 avec le livre “Comment tout peut s’effondrer ?” de P.Servigne et R.Stevens

10 ans…

Mais le vrai choc écologique, c’est un jour de 2017 où mon frère m’a fait remarquer qu’on ne grattait plus jamais les insectes morts sur les pare-brise.
Ce jour-là j’ai commencé une dépression. Le déclic a été la perte de biodiversité, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. La dépression m’a donné le courage d’envoyer balader les habitudes et les codes sociaux qui n’étaient plus en accord avec mes convictions. C’était ça ou me détruire de l’intérieur.

Les conditions qui ont permis la transformation c’est ma liberté d’action dans le travail et une situation économique favorable qui me permet de passer à 80%. J’ai renoncé à l’avion ; je fais attention au ratio temps d’activité / temps de déplacement (qui doit être >2) ; j’ai arrêté les transports en commun pour le vélo à traction musculaire (moi qui n’aimait pas ça…) ; je retape une ancienne ferme pour la rendre thermiquement plus performante ; j’ai choisi de ne pas construire du neuf ; je liquide mes crédits et je n’en prendrai pas d’autres ; je me suis mis au jardinage (mais décidément c’est pas mon truc…). J’ai changé mes thèmes de recherche, j’ai renoncé aux appels à projet, et après 2 ans de réflexion, j’entrevois un chemin possible côté recherche.

En dehors de l’individuel, mon action la plus significative est celle de passeur d’informations mais je la trouve insuffisante. La cause en est que ma position n’est pas simple vis à vis des étudiants. En tant que responsable d’année je dois les encourager, les motiver, … et c’est difficile de leur annoncer un futur plein de mauvaises nouvelles. Ça me coûte beaucoup, comme une sorte de trahison. J’avance et je commence à trouver le fil qui me permet de faire les deux : motiver et dire la vérité sans être schizophrène mais je mens un peu (par rapport à mes ressentis) sur l’ampleur du défi. Disons que je plante une graine et que je tente de les habituer à penser résilience et sobriété.


C’était il y a assez longtemps, au début des années 1990 je pense, je devais être en fin de collège / début de lycée. Je ne me souviens pas qu’il y ait eu réellement un déclic en terme de prise de conscience, plutôt une prise de conscience progressive mais un déclic sur l’envie de faire quelque chose. Probablement l’idée est venue du caractère fini des sources d’énergie fossiles, ou peut-être de la menace d’une alimentation sous forme de pilules ?

Est ce que vous savez dire comment et quelles conditions ont permis la transformation de ce déclic en action ?

Mes parents envisageaient de changer de voiture, nous les avons mis sur la piste des voitures hybrides essence / GPL. À l’époque on ne se posait pas la question de savoir comment le GPL était produit !
Bien plus tard j’ai eu connaissance et intégré le fait que le problème était plus global du point de vue de la localité et des thématiques, avec des étapes :
1) Il y a des biotopes qui sont altérés, du fait de l’activité des personnes sur place (nous avons une responsabilité limitée et l’impact est local)
2) Les changements climatiques sont généralisés et impactent tout le monde globalement, les pays industrialisés et leur modèle économique sont majoritairement responsables (j’ai une responsabilité personnelle).
3) Les changements en cours sont en partie irréversibles à assez long terme, il y a urgence à agir
4) La régulation de l’exploitation des ressources n’est pas qu’un problème d’innovation technologique, c’est beaucoup un problème de modèle économique / échanges / production à la fois à l’échelle mondiale et du territoire. Il y a une remise en cause des modalités de partage du travail et de la richesse qui n’est plus seulement dictée par des contraintes morales mais aussi par des réalités physiques.

Si vous n’avez pas réussi à transformer ce déclic en action, est ce que vous avez identifié ce qui vous en empêche ?

Il y a des obstacles liés a) aux envies personnelles, b) aux conventions sociales et habitues et à 3) l’organisation du travail. a) Moi et ma famille aimons faire plusieurs types d’activités, il faut parfois se déplacer à 3 endroits éloignés en moins d’une heure ou déplacer des charges importantes rapidement : on prend la voiture parce qu’on n’a pas de vélo cargo électrique. b) Les clubs organisent leurs activités en fonction des contraintes liées à leur propre type d’activité sans tenir compte des possibilités de transport. On ne va pas protester, on serait les seuls et les autres familles ne comprendraient pas pourquoi il y a un problème. c) On aimerait réparer nos vêtements nous-mêmes, fabriquer nos produits d’entretien, faire nos achats à pied en partant à 2 personnes et en faisant 2 allers-retours avec des chariots… mais il faudrait qu’on y consacre 1H30 par jour en plus du reste, où prendre le temps ? Sur le temps de travail ?


Mon déclic, ça a été un exposé de Paul Aries sur la Décroissance, entendu en 2011 sur YouTube.
Plus précisément l’argument sur la contradiction entre finitude des ressources et croissance (qui a percuté ma culture de physicien sensible au loi de conservation).
La transformation très progressive, au fil de lectures, visionnage de video, exposés, …
Et il reste toujours des dissonances plus difficile lever.
Empêchements : besoin d’évoluer avec le reste de ma famille, hésitation et doutes divers, temps long pour évolutions trajectoire professionnelle, …


Le déclic, c’est sans doute quand j’ai commencé à me dire, il y a peu, que la coercition ne mènerait nulle part, qu’elle aurait plutôt tendance à créer des résistances, comme toutes celles que je peux sentir au fond de moi quand je « m’oblige », que je me « culpabilise »… Et que c’est lorsque je croisais des personnes centrées, en relativement bon accord avec elles-mêmes que je me sentais inspirée. Je pense que les personnes qui, selon moi, ont eu une action transformante l’ont fait sans effort, car dans un bel accord avec elle-même. Alors la transformation de ce déclic en action, c’est d’apprendre à m’accorder avec moi-même, puis avec ce qui m’entoure, et pour cela, me redonner du temps! Bon, y’a du boulot sans doute 🙂


Le déclic a été progressif. Les discussions internes au labo au moment de la prospective sur l’éco responsabilité ont initié un processus. Ensuite, les échanges d’infos, la réflexion collective, et une mise en relation avec d’autres collectifs ont fait le reste. Le déclic est venu avec le fait d’avoir plus de connaissances sur la question, à partir des rapports du giec, des bilans GES des labos, des infos fournies par EcoInfo sur l’empreinte du numérique.
Voir des initiatives tous azimuts (document freddy bouchet, document makesense, collectif labos1point5, les groupes de discussion dans les labos, etc…) m’a permis de me dire que c’était possible. Et voir aussi qu’il y avait des gens motivés au labo.
Je suis dans le bain du CC par mon travail de recherche depuis plus de 15 ans. Mon vase de limite d’acceptation de la situation s’est rempli lentement à vrai dire et son débordement qui m’a amené à essayer d’agir est plutôt récent.

Ce qui a permis d’agir ?

  • L’influence de mon entourage dans mon laboratoire. Quelques collègues qui m’ont fait part de leurs lectures, leur indignation sur certaines situations (via la collapso par exemple) dont je n’avais pas pris conscience malgré ma thématique de recherche.
  • Les réflexions d’un collègue en particulier qui s’est mis en retrait de toutes les missions qui nécessitaient du transport aérien, qui se questionnait aussi sur notre légitimité de faire des recherches en Afrique, …
  • Le déclic qui m’a amené à rejoindre campus1.5 en particulier est cette News qui est restée plusieurs semaines sur le site web de Phitem qui vantait les 1.4M€ de don de l’entreprise Petroleum Expert en licence de logiciels de prospection géologiques…pour moi une intrusion insoutenable d’une entreprise toxique dans ma sphère professionnelle.

Ce qui limite mon action ? – Manque de temps professionnel et personnel – vie de famille bien chargée qui limite mon mode d’action à ma sphère pro.


Le déclic ? la série documentaire LSD (France Culture) sur l’anthropocène. C’est la première fois que j’entendais un discours systémique sur l’environnement, et aussi la première fois que j’entendais quelqu’un qui évoquait la possible irréversibilité. C’est là que j’ai vraiment compris la gravité de la situation.
J’ai été prise de panique, j’ai continué à me documenter, la panique a augmenté. Puis j’ai vécu un « point de Goldwin » : maintenant que je sais, je ne peux pas ne pas agir, j’entre en « résistance ». Mais, comme mon action consiste surtout en de la sensibilisation, et que je me consacre à la préparation de cours, conférences, fresques, ce qui m’anime, au fond, c’est que rentrer dans la compréhension des enjeux environnementaux, c’est juste passionnant intellectuellement. C’est tirer sur un fil de compréhension du Monde – même si c’est une triste compréhension…


Pas de déclic pour moi, mais plutôt une prise de conscience progressive, avec plein de signaux convergents : cf le lac des Quirlies marquant le recul des glaciers du massif des Grandes Rousses (j’en ai vu concrètement l’évolution).
Je reste assez passive. Je ne fais que quelques actions qui sont à ma portée sans efforts : prendre les transports en commun, recycler, ne pas trop utiliser d’énergie ou d’eau, faire entrer davantage de bio dans ma consommation car l’agriculture bio est moins agressive sur l’environnement ; ce sont des choses très basiques.

Alors, pourquoi je ne fais pas plus ?
La paresse, sans aucun doute ! Et la réticence à sacrifier des choses qui font plaisir (par exemple, renoncer à aller en montagne parce qu’on utilise une voiture pour s’y rendre …). J’ai bien conscience d’une incohérence et je sais qu’il faudrait que je progresse. En fait, je constate également que mon mode de vie (peu de voyages en avion, par exemple) n’est pas forcément dû à des motifs environnementaux mais plutôt à des circonstances autres.


Sensibilisé au problème climatique et environnemental par les « petites choses » : tri, vidéo de jancovici, lecture du rapport du Giec, plus de voiture, … le sujet a commencé à vivement me préoccuper.
L’été 2018, j’ai été touché par ceci : en parcourant la campagne de ma jeunesse, aucun impact d’insecte sur le parebrise de la voiture, alors que jeune homme je devais régulièrement le nettoyer. Indicateur concret, pas un chiffre.
En mars 2019, à la fin d’une marche pour le climat (sorte de balade festive citoyenne peu relayée par les médias), cette phrase entendue entre deux amies « c’était bien, on était 2000, à dans un mois ». Ce ronronnement, ce « une manif un dimanche à 2000 c’est suffisant », ce « on va continuer les manifs le dimanche » m’a choqué. Une « contestation » faible, routinière, non relayée,…
Il y a plus à faire, il faut agir, révulsé par la passivité (dont la mienne)…
C’est ce déclic qui m’a fait entrer dans un mouvement écologiste, radical et non violent, pour agir, essayer de faire changer les causes, des causes de tout cela. J’ai alors découvert le militantisme actif. J’y consacre mon temps libre.


Je n’arrive pas à avoir un souvenir précis d’un basculement type déclic pour la prise de conscience. Il me semble que cela s’est fait progressivement au fur et à mesure des lectures et des conférences. Les deux changements de comportement principaux que cela a induit sont la réduction de la viande et le changement de mode de transport. Pour ce qui est de l’alimentation, c’est plutôt un effet d’entrainement par mes enfants qui sont très moteurs sur ces aspects. Pour le mode de transport, je ne me rappelle plus….


Pour moi c’est plus progressif que déclic. Un truc quand même : un reportage sur ce que deviennent les vêtements qu’on met dans les bornes « à recycler » avec des logos associatifs, où j’ai appris que ce n’était pas forcément les associations en question qui s’occupaient des vêtements, et que beaucoup finissaient en décharge dans le tiers monde. Du coup je prends du temps pour donner via des sites comme « donnons.org », et j’achète encore moins de vêtements.


Sensibilité à la nature : depuis toujours (longues promenades en montagne dès petite). Découverte de l’écologie : un couple d’amis en thèse, déjà très très engagé… on a découvert le Réseau Cocagne, mais aussi les maisons en paille, l’engagement citoyen, la Nef (moi qui étais engagée pour les Droits Humains depuis l’âge de 12 ans, j’ai découvert d’autres horizons)

Déclenchement en mise en œuvre : assez vite, lorsque j’ai eu mon chez moi, on a fonctionné au bio, aux paniers de légumes solidaires, diminué les quantités de viande…
l’engagement plus fort est venu avec la grossesse, la découverte des merdes qu’on met dans les cosmétiques, l’allaitement maternel 100%, le cododo, le portage, l’haptonomie, les couches lavables, et l’adhésion à des AMAP (jusqu’à en monter une quand mes filles étaient bébé et en porter une bonne partie à bout de bras jusqu’aux 3 ans d’Hélios, notre 3ème)…
Encore un peu plus loin depuis que j’ai pris conscience que le cœur de mon métier, que je croyais altruiste (traitement d’images médicales) est en fait mauvais pour la planète dans son instrumentation… je pousse du coup maintenant mon engagement aussi dans mon milieu pro, soutenue par certains collègues bienveillants.
Avec les enfants qui poussent, les étudiant.e.s qui se posent des questions, je pousse les choses et j’évolue… après, tout est affaire de compromis familiaux… et parfois, on n’arrive pas, à 5 et dans notre région d’habitation, à aller aussi loin que j’aimerais…


J’ai une formation en ecologie et suis ingénieur agronome. Mon parcours professionnel m’a éloigné du terrain et c’est à l’occasion de la session de formation à la sobriété numérique que le réveil s’est fait. Et particulièrement grâce à la petite phrase prononcé « …le sujet est vaste, on peut être découragé, mais aussi choisir une petite action qui nous parle et que l’on porte… » a provoqué le déclic.
Quelles conditions ont permis la transformation de ce déclic en action chez moi ? Le confinement et ma recherche d’évolution professionnelle. J’ai décidé de passer à l’action, même petite, celle que je pouvais réaliser, à mon échelle, à ma vitesse. Depuis je communique, j’interpelle, je sensibilise, je m’informe.


Même si je travaille dans le domaine des sciences du climat depuis plus de 20 ans, c’est la lecture du rapport SR15 de l’IPCC ou du GIEC qui a été le véritable déclencheur car il a cristallisé ma colère qui montait depuis la COP 15 de Copenhague en 2009. J’ai compris, dans mes tripes, le message : chaque 1/2° compte, chaque année compte, chaque geste compte, chaque choix compte. A l’issue d’une mission qui m’avait mobilisée plus de 15 ans, j’ai pu réorienter mes activités professionnelles vers plus de sobriété. Je participe à plusieurs collectifs dans mon laboratoire, dans ma faculté ou au niveau national pour comprendre et quantifier les impacts environnementaux de nos activités de recherche et réfléchir à leur évolution. Ce passage à l’action m’a apaisée. Je me sens bien dans un rôle d’alliée de la jeunesse, tel que le décrit Gaël Giraud dans un entretien publié en 2019 dans Reporterre[1] : « Ce qui me nourrit, c’est de voir la force incroyable des jeunes, très lucides. Ils ont compris la gravité de la situation et ne sont pas du tout impressionnés par leurs aînés. Même s’il leur faudra quand même des alliés dans la génération précédente. »
[1] https://reporterre.net/Gael-Giraud-Si-l-Inde-et-l-Asie-du-Sud-Est-deviennent-invivables-trois


C’est le saccage du littoral algérien par le béton et le plastique qui m’a le plus interloqué, interpellé. J’ai découvert la pollution plastique à l’occasion de deux reportages en Algérie, pour l’émission Thalassa, en 2014.
L’action, c’est le montage d’un film, l’écriture d’un article ou d’un livre. Mais cela reste, je trouve, de l’ordre l’observation. Je ne suis pas un militant dans l’âme, je pense que ma nature est de parler et faire parler, de passer des informations.


Disons que cela est dans nos gênes plus ou moins, mon père nous a appris à faire attention à l’eau, à l’électricité bien sûr par soucis d’économie mais aussi nous disait-il « c’est la nature qui nous donne tout ça, il faut faire attention »

Et donc aujourd’hui l’attention est plus grande car elle est devenue nécessaire. A la maison on essaie de faire attention de diminuer nos déchets, de mieux consommer et au travail des actions se mettent en œuvre mais il faudrait faire des évaluations, un beau travail en perspective.


Un jour, je suis entrée dans un magasin bio qui avait retiré de ses étals et étagères tous les produits qui nécessitaient la pollinisation : et bien ça ne fait pas rêver ! C’était vraiment frappant car dans un lieu « du quotidien » qui s’est transformé très brutalement avec beaucoup de vide, pas attrayant : ni en couleur, ni en odeur. Ça ôtait vraiment l’envie de se préparer un repas.
J’ai été plus vigilante très rapidement sur les pesticides, aussi bien dans les aliments que dans l’eau et je me suis engagée politiquement !


Pour moi, le premier déclic d’engagement domestique est dû à la lecture d’un article sur le septième continent de microplastique. On a mis en place une démarche la plus rigoureuse possible de zéro déchet à la maison et de fournisseurs locaux (on va chez les producteurs locaux des marchés depuis toujours dans ma famille, donc ça c’était facile) qui est pérennisée depuis 2017 environ. Depuis deux ans, j’essaye qu’on consomme de moins en moins de viande en semaine, mais les ados rêvent de MacDo, Saucisses, donc on lâche souvent la bride les déjeuners du we.. Un deuxième déclic d’engagement était extérieur à la sphère familiale suite à une discussion au coucher de mon fils ainé alors âgé de 10 ans me disant qu’il était vraiment inquiet pour le climat. A ma réponse de « moi aussi », il m’a répondu « ben ta génération ce n’est pas pareil, vous n’êtes pas si inquiets puisque vous ne faites rien. » Je crois que c’est ça qui a déclenché des discussions avec des collègues, des présentations aux journées du labo sur le thème « recherche et développement durable », la création d’un groupe « vert », le rapprochement avec Campusd’Après@grenoble, une (légère) inflexion de mes thématiques de recherche. Ça s’est « facilement » transformé en action car c’était le début de l’effervescence et c’était des petits pas faciles à faire. Je dois avouer que dans la durée c’est plus dur et qu’en ce moment je n’arrive plus à tout faire (en particulier avec les confinements et la gestion peu régulière du quotidien …


Je parlerai plutôt d’une prise de conscience. Deux choses qui m’ont permise très jeune d’avoir conscience des enjeux : je devais avoir 7 ans quand j’ai lu le rapport du Club de Rome (plutôt, son résumé) qui dit et prédit la destruction gigantesque qui a lieu depuis des décennies. Mieux, ce résumé montrait à quel point ils avaient eu raison. L’année suivante Al Gore finit, comme pour beaucoup de personnes de ma génération, de faire ma conscientisation.
Plus globalement, c’est le décalage complet entre le discours médiatique et la réalité scientifique qui a lieu chaque jour : on nous dit chaque jour qu’il faut de la croissance, vendre des voitures, etc. et de l’autre qu’il y a un gros problème climatique.
La transformation de ce déclic en action ?
La première condition attendue à l’échelle personnelle a été mon indépendance dans la vie, me permettant de me tourner vers le zéro déchet, entre autres. La seconde a été mon indépendance financière, qui m’a permis de totalement pouvoir choisir sans subir. Le bio et bien d’autres investissement viables sur le long terme (isolation…) ont été possibles.
Mais …
Il y a sans aucun doute un climat médiatique qui nous empêche de transformer en action ce qui est le plus important dans les enjeux environnementaux : l’échelle politique (les actions individuelles n’étant qu’une échelle très minoritaire : rapport Carbone4). Cela nécessite une grande compréhension du monde et de ses enjeux dans un monde où la communication a laissé place à la réalité. Ainsi, « make the planet great again » a autant d’effets que bien des mesures concrètes (qui elles, sont « pour l’année prochaine »), dans l’imaginaire collectif.
C’est dans cette passivité globale face à une société du spectacle, dans laquelle il n’y a de toute façon plus d’action collective, que la transformation en action devient improbable.
L’engagement associatif et politique devient une nécessité, mais à la fois nous place comme une personne n’étant plus comme les autres… Et nous disqualifie parfois d’office pour essayer de conscientiser à notre tour, même quand on donne juste une source, et alors, il ne reste plus que les médias (le peu que certains suivent encore) pour éveiller les consciences mais cela parait hautement improbable quand on sait le lissage et la bienveillance des médias les plus suivis.


Je ne pense pas avoir eu un déclic unique et avoir ensuite saisi tout le problème des activités humaines sur notre environnement. C’est venu plus progressivement. Mais je me souviens que ma conscience s’est éveillée avec la venue du tri sélectif dans notre commune reculée peu après ma majorité. Je voyais d’autres personnes trier bien avant nous et j’avais hâte de participer à ce geste logique, qui est aujourd’hui devenu basique pour ma part mais pas pour tout le monde. Ce sont les autres qui ont provoqué ce déclic, et les conditions ont été amenées par la collectivité / l’état. Depuis il y a eu d’autres prises de consciences mais les actions ne sont pas toutes faciles à mettre en place. Certaines exigent de vrais sacrifices que je ne suis pas prête à faire pour le moment. On met en place le plus facile et on améliore au fur et à mesure. Ça part de soi avec ses moyens personnels mais il faut parfois des moyens collectifs pour inciter et rendre possible…


Je crois que ce qui avait pour moi provoqué le déclic sur les enjeux environnementaux a été un reportage de Yann Arthus Bertrand il y a plusieurs années, où j’ai vraiment pris conscience que les conséquences se faisaient déjà sentir dans des pays en voie de développement. J’ai à ce moment-là été révoltée de me dire que nous vivions comme des « princes » en Occident, et que notre mode de vie désastreux se répercutait avant tout sur d’autres pays déjà en difficultés et non sur nous.
Ce sentiment s’est intensifié en voyant un autre reportage qui expliquait que nos déchets étaient envoyés dans certaines îles de Malaisie ou des Maldives. Cela m’a scandalisé.

J’ai ensuite voyagé et travaillé aux Philippines où la pollution m’a sidérée. J’ai pris conscience de l’existence de la « montagne d’ordures » où des milliers de personnes vivent sur ces déchets pour les trier. J’ai une fois cru voir un homme tronc trier des déchets, jusqu’à ce que je comprenne qu’il était dans une rivière, tellement pleine de plastique que je n’avais pas vu qu’il y avait de l’eau. J’ai aussi été dans un lieu avec des tortues géantes. A chaque fois que j’allais nager, je revenais avec des poignées de déchets plein les mains. Au Maroc, j’ai travaillé sur un chantier éco volontaire qui m’a fait également prendre conscience de l’avancée de l’érosion dans des villages reculés et de l’impact que cela avait sur la vie des habitants (roches et cailloux dévalaient pendant les orages jusque dans leurs champs).

L’autre déclic a été lorsque deux de mes nièces, séparément (l’une de 13 et l’autre de 7 ans) m’ont interpellée sur l’état du monde et notre consommation.
Ce n’est que tardivement que j’ai eu un réel déclic sur le fait que nous ne pouvions pas réagir à petite échelle, mais à échelle plus large, avec de réelles prises de conscience de fond, pour mettre en place des actions réelles.

Comment et quelles conditions ont permis la transformation de ce déclic en action ?
L’amour… 😉 (J’ai rencontré mon compagnon qui est très engagé dans ce domaine. En m’installant avec lui, j’ai davantage modifié mon mode de vie : boycott le plus possible des grandes surfaces, consommation locale et bio, achats vestimentaires et autres en faisant des choix ciblés (boycott de certaines enseignes), modification (au mieux) des moyens de transports, récupération de l’eau de pluie, création de notre propre jardin, participation à des manifestations et événements (comme des camps climats organisées par Alternatiba et XR par exemple…)
Je pense que j’ose également plus m’affirmer et en parler avec mes amis (moins sensibles).

Je me suis beaucoup questionnée également sur mes voyages à l’étranger. J’ai réalisé un tour du monde à la rencontre des personnes qui travaillent pour la résolution de conflits (au sein de guerres, génocides ou autres), et œuvrant également pour des programmes de reconstruction/réconciliation/pardon après un conflit.
J’ai bien conscience que prendre l’avion n’est aujourd’hui pas cohérent.
Mais j’ai également pris conscience par ce projet que œuvrer pour la paix et la non-violence avait un impact indirect sur l’environnement.
Les guerres détruisent humains, êtres vivants et nature.
Ce qui m’effraie aujourd’hui est la menace de la bombe nucléaire, comme nous avons déjà pu en voir les conséquences par le passé.
Les essais nucléaires sont une réelle atteinte grave à la Vie et à l’environnement.

Oeuvrer pour la paix et contre le nucléaire est donc pour moi ma contribution également pour protéger l’environnement.

Ce qui peut m’empêcher de passer parfois à l’action : l’impuissance face aux médias, et l’absence de réponses sérieuses politiques face à ce problème.
Ce qui m’aide à passer à l’action : tout ce que j’ai vu de mes propres yeux comme dégâts, mais également comme actions réelles de personnes qui font leur part. Elles m’encouragent comme elles, à faire ma part tel le colibri.
Ayant séjourné au cœur d’une association en Inde, j’ai vu des jeunes de 16 ans commencer à agir par des actions très « minimes ». Quelques années plus tard, leurs actions avaient entraîné d’autres jeunes avec eux. Leur mouvement s’est développé jusqu’à prendre beaucoup d’ampleur, dans l’action et la sensibilisation des citoyens.


J’ai dû commencer à acheter des imprimantes neuves plutôt que leurs consommables car elles étaient vendues moins chers avec un jeu complet que ceux-ci vendu à l’unité. Dans la même année, mon père bricoleur invéteré m’a avoué qu’il allait devoir racheter une voiture car il ne pouvait plus bricoler la sienne. Dans mon école, pour régler un échangeur à surface raclée (cuiseur à cuisson continue) pour faire du paté Hénaf, nous venions de perdre une tonne de viande pour régler la température de cuisson d’unTP… Cela s’est produit presque en même temps et j’ai commencé à me poser des questions. C’était en 1994, j’avais 21 ans, l’ancien âge de la majorité ?

Hélas, je n’ai jamais été un homme d’action, je fais juste un peu plus attention quand je peux, je vais voir Emaüs plutôt qu’Ikea et j’essaye juste de penser avec aussi cet aspect à un problème au bureau.
Mais les imprimantes ne sont toujours pas vendu sans consommables, les objets sont toujours irréparables et mon labo consomme probablement à lui seul la même quantité d’énergie que tout Paris au mois de juin 1900 …


Ma rencontre avec  les enjeux sociaux-environnementaux de l’ère anthropocène est étrange et diffuse, car je me surprends chaque jour à prendre conscience encore et davantage de la situation…

Plus le temps passe et plus mes prises de conscience sont intenses.

J’ai grandi en Ariège au côté de petits paysans, et je n’avais alors qu’un rapport intuitif à la nature qui m’inspirait seulement l’idée d’en prendre soin.

Mais je n’avais pas encore établi de lien entre mes pratiques (consommation, alimentation, déplacement) et leurs conséquences sur l’environnement.

J’estime que cette longue période de dissonance cognitive s’est petit à petit estompée, au grès de rencontres, d’écoute radiophonique, de découvertes artistiques, de réflexions, et de lecture (eg. « Saison Brune » de Philippe Squarzoni).

Je me souviens d’une rencontre, lors d’une campagne de mesure menée au fin fond de l’Amazonie, avec un Bolivien. Ce jeune homme me demandait alors à combien d’heure de pirogue se situait Paris ? Cette anecdote à certainement contribué à me faire réaliser que nos déplacements étaient parfois démesurés et inéquitables.

Mes voyages à vélo, à pied et comble du paradoxe en avion, ont chacun d’entre eux contribué à développer ma perception des limites planétaires.

L’arrivée de mes enfants ces dix dernières années, m’a surtout fait prendre conscience de la nocivité et la dangerosité générée par les déplacements en voiture, mais mes capteurs étaient alors encore très localisés autours de mes lieux de vie, lieux de nid.  

La crise sanitaire liée au COVID et l’expérience unique que nous avons très largement vécue au travers de ce premier confinement, ont mis fin à cette longue période de doux déni et ont définitivement changé mon rapport aux gens, au temps et au travail.  Cette crise aura ainsi été pour moi, le dernier électrochoc nécessaire à un changement profond dans mon rapport à la vie… j’ai en quelque sorte le sentiment de vivre le deuil d’un mode de vie à présent révolu.

Sur le plan émotionnel, je suis enthousiaste à l’idée de prendre part, goute à goute, à l’extinction du grand incendie (ie. la stabilisation du forçage radiatif). J’ai cependant beaucoup de difficultés à accepter l’idée que la grande extinction (ie. des espèces vivantes) causée par notre ère industrielle soit inéluctable. L’acceptation de la mauvaise nouvelle telle que nous y prépare Pablo Servigne dans « Une autre fin du monde est possible » me laisse quant à elle, dans un brouillard intellectuel et émotionnel profond.

Les prises de conscience récentes et multiples tout autour de moi et sur la place publique m’encouragent en revanche à poursuivre mes réflexions et mes agissements tant sur le plan professionnel que personnel avec comme ligne de conduite : « l’accroissement » et la diffusion des connaissances en intégrant profondément les enjeux socio-environnementaux de l’ère anthropocène !


Pour elles et eux, le déclic c’était :
• Pas de grand jour ou de grand soir, une proximité et une sensibilité depuis l’enfance avec le monde animal et végétal
• Je ne me souviens pas de déclic: éducation? En tout cas, ce moment est à renouveler chaque jour, car il nécessite souvent un effort, même petit, qu’on a tendance à oublier
• Deux moments : la démission de Nicolas Hulot et la crise sanitaire au printemps 2020
• Depuis l’enfance, l’économie d’énergie et le développement durable, le fait maison, les produits frais non transformés … sont le fait d’une éducation et d’un mode de vie
• Très tôt. Mais le fait d’avoir des enfants accentue la prise de conscience d’un nécessaire changement comportemental pour ne pas leur laisser une Terre poubelle
• Suite aux réactions d’un ami
• Devant un coucher de soleil au bord de la mer
• La naissance de mon enfant
• Je n’ai pas le souvenir d’un moment précis mais plutôt de principes dans l’éducation qui m’ a été donnée (on ne gaspille pas, on réutilise, on partage). Ces gestes me semblent simples et de bon sens.
• Le fait d’avoir des enfants a peut-être amplifié mon implication dans la préservation de notre environnement
• La vue de tous les déchets flottants sur les cours d’eau ou jetés dans la rue

Et les conditions de transformation du déclic en action :
• Le partage avec d’autres personnes intéressées et impliquées
• La convergence entre économie et écologie: si tu économises = bon pour l’environnement. En tout cas le plus souvent et comme principe général !
• Bon sens et résultat de la crise énergétique des 1970′
• La médiatisation
• La visibilité de la crise climatique : canicule, incendies en Australie, Amazonie, fonte des glaciers
• La contribution au développement durable qui devient un enjeu pour les entreprises (attractivité RH, image de marque), pour les politiques aussi
• Mon engagement dans une association
• Impulser la préservation de l’environnement avec le développement économique
• Contribuer au développement durable
• Achat en vrac, utilisation réduite de l’énergie électrique et baisse de ma facture EDF, diminution du chauffage avec baisse de la facture en contrepartie achat de pull en laine made in france…
• Il faut que ce déclic soit directement lié à un objectif tangible pour qu’il puisse être transformé durablement en action
• Il n’y a pas de petites contributions ; chacune d’elles, quel que soit la taille, est positive
• Une prise de conscience qui se généralise
• Le respect des générations à venir
Avec son corollaire de freins à lever :
• Le plus gros empêchement= ne pas réinvestir les économies ou précautions environnementales dans des activités ou dépenses qui détruisent, autrement ou non, les efforts fournis
• Parfois trop de plastique, trop d’emballages, le commerce n’est pas encore assez converti…

Et vous ??